Équité salariale

Travail préparatoire pour un programme fédéral d'équité salariale

En novembre 2020, le gouvernement du Canada a déposé un projet de règlement qui officialisera l'entrée en vigueur de la Loi sur l'équité salariale, ce qui donnera, à partir de ce moment, trois ans aux employeurs pour élaborer et mettre en œuvre leurs plans d'équité salariale proactifs. La Commission est à préparer du matériel éducatif, des documents d'orientation et des trousses d'outils en ligne pour aider les employeurs et les organisations à mieux comprendre le règlement, à déterminer si la Loi sur l'équité salariale s'applique à eux et, le cas échéant, à savoir ce qu'ils doivent faire pour respecter leurs obligations.

Tout au long de l'année, la Commission a cultivé ses relations avec ses partenaires canadiens et internationaux et a fait valoir l'importance de l'équité salariale aux quatre coins du pays, notamment au moyen d'un article d'opinion paru dans le Toronto Star que nous reproduisons ici.


La récession au féminin, l'occasion de combler l'écart salarial entre les sexes

Traduction d'un article d'opinion publié dans le Toronto Star le 17 septembre 2020

Nous vivons une époque marquée par l'incertitude et les bouleversements. Cependant, au-delà des défis qu'elle nous pose, cette crise présente une bonne occasion de restructurer l'économie, de faire en sorte que nos entreprises soient plus solides et de promouvoir le bien-être des personnes qui travaillent, en utilisant des outils qui ont fait leurs preuves. Les mesures de réduction de l'écart salarial en sont un exemple.

Au Canada, une femme gagne en moyenne 0,89 $ pour chaque dollar gagné par un homme. L'un des moyens de parvenir à combler cet écart consiste à exiger que les employeurs analysent de quelle manière ils déterminent la valeur du travail habituellement fait par des femmes et le rémunèrent par rapport au travail habituellement fait par des hommes. C'est ce qu'on appelle l'équité salariale.

Certaines personnes se demanderont si le moment est bien choisi pour essayer d'obtenir l'équité salariale, alors que la COVID-19 plombe l'économie. Je crois que c'est la meilleure solution qui s'offre à nous.

Les économistes appellent cette crise la « récession au féminin » (ou « she-cession » en anglais) puisqu'il s'agit d'une récession qui touche tout particulièrement les femmes et qui, en conséquence, aura des effets à long terme sur notre économie, notre société et nos ménages.

Les femmes sont parmi les personnes les plus durement touchées par la pandémie. Un grand nombre des personnes qui travaillent en première ligne et qui sont appelées à servir et à soutenir leurs communautés sont des femmes. Certaines femmes comptent parmi les personnes les moins bien rémunérées au pays. Beaucoup de femmes ont été forcées de continuer à travailler tout en s'occupant de leurs enfants, avec peu ou pas de soutien. D'autres ont dû quitter leur emploi pour s'occuper de leur famille. Le sort de notre économie et celui de notre société dépendent de la possibilité pour les femmes de retourner sur le marché du travail.

Un plan qui reflète l'engagement à verser à chaque personne un salaire égal pour un travail de valeur égale est la bonne solution et le moment est bien choisi. L'équité salariale est rentable pour tout le monde : les affaires, l'économie et la population canadienne. Selon une récente étude américaine effectuée auprès de 4 000 entreprises de partout dans le monde, les revenus ont augmenté dans les entreprises qui ont amélioré l'équité salariale dans leurs milieux de travail.

En tant que première commissaire à l'équité salariale du Canada, je me réjouis à l'idée de voir l'entrée en vigueur prochaine de la nouvelle Loi sur l'équité salariale adoptée par le Parlement canadien. Cette loi exige que les employeurs assujettis à la Loi revoient leurs structures de rémunération pour déterminer si les salaires sont versés en fonction de la valeur du travail effectué dans l'organisation, que le travail soit accompli par un homme ou par une femme.

L'équité salariale peut compenser grandement les effets négatifs que la pandémie et la crise économique qui en découle ont sur les effectifs et les entreprises. L'élimination de l'écart salarial augmenterait considérablement le pouvoir d'achat des femmes, ce qui aurait pour effet de favoriser la croissance économique et d'accélérer notre retour à une vie normale.

De plus, faire ce qui est juste — même quand les temps sont durs — peut contribuer à inspirer et à motiver les personnes à recommencer à travailler et à faire de leur mieux. Mettons l'accent sur les meilleures façons d'aider les entreprises ainsi que les travailleurs et travailleuses à reprendre une vie normale et à prospérer dans ces nouvelles circonstances.

Le Canada pourrait profiter de l'occasion pour imaginer une stratégie de retour à la normale qui inclura tout le monde — une stratégie qui redynamisera nos efforts visant à instaurer l'égalité entre les genres au Canada.

Lorsque les femmes peuvent prospérer, nous pouvons tous et toutes prospérer. L'équité salariale est un outil de relance économique et de prospérité. Il nous incombe de l'adopter pour le bien de l'économie, des entreprises et de la population.

Karen Jensen
Commissaire à l'équité salariale du Canada